Alors que les plus riches cachent leur argent dans les paradis fiscaux, d'autres font travailler des salariés "au noir" pour faire quelques économies. Mais comment lutter contre cette fraude fiscale et sociale ? Doit-on modifier le système pour l’éviter ? Et qui sont les responsables de ce phénomène ? Nora Hamadi pose le débat avec ses invités de « Samedi soir-Dimanche matin ».
Le travail dissimulé coûterait entre 7 milliards et 20 milliards d’euros à la collectivité selon les calculs qui « la cour des comptes et l’Urssaf n’ont pas les mêmes critères de calcul », souligne Philippe Crevel, économiste, pour qui il est difficile d’évaluer le coût réel de cette fraude massive, avant de préciser qu’ « il faut quand même remettre les choses dans leur contexte, cette fraude ne représente que 2% du PIB de la France ».
Mais à qui profite cette fraude ? Au salarié qui travail dans un contexte de pénurie ou au patron qui s’exonère de fait des cotisations sociales ? Gérard Filoche, ancien inspecteur du travail est catégorique, « c’est le patron qui est le seul responsable, qui triche, qui dissimule, qui manipule ses salariés ». Pour lui le salarié est une « victime ».
Gérard Filoche rappelle les risques du travail dissimulé pour le salarié, « il n’y a pas de protection sociale, ni de retraite. Même quand il croit pouvoir y gagner, il y perd ». Un argument qui ne semble pourtant pas être suffisant pour les dissuader, comme le confirme Philippe Crevel, « même si les risques sont importants, les jeunes par exemple n’en voient pas forcément les conséquences ».
Xavier Denamur, restaurateur, est plus nuancé, « il ne faut pas être caricatural, certains salariés peuvent demander à travailler au noir, ils sont parfois volontaires ». Selon lui, « c’est les dispositifs mis en place par les gouvernements qui poussent les patrons à sous déclarer leurs salariés ».
Pour Philippe Crevel : « plus la fiscalité est complexe, plus cela incite les gens à frauder. Et les contrôles ne sont pas suffisants. Avec un système plus simple, plus basique, on n’aurait plus de rendements et moins de tentation. Il y a trop de niches fiscales et sociales ».
En 2014, la lutte contre le travail au noir s’est intensifiée, selon un bilan, le montant total des redressements imposés par l’Urssaf a augmenté de 25% en un an. L’explication est simple selon l’économiste, « aujourd’hui on chasse plus, donc on trouve plus à collecter en matière de fraude.